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Le développement durable à l’épreuve des TIC

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L’objectif de ce numéro est de confronter différents points de vue sur les relations entre TNIC (Technologies Numériques de l’Information et de la Communication) et développement durable.

Le développement durable représente pour une société donnée une transition vers un devenir commun plus juste et moins destructeur des écosystèmes naturels qui la supportent. Le principal défi posé par ce choix d’organisation du vivre ensemble réside dans le dépassement des oppositions entre les quatre dimensions du développement durable (économique, sociale, environnementale, institutionnelle), dont les logiques parfois contradictoires structurent les sociétés humaines. Comment créer de la richesse sans détruire des emplois ? Comment augmenter notre qualité de vie sans accroître notre empreinte et notre dette écologique ? Face à la crise économique actuelle et devant le risque climatique qui s’intensifie, beaucoup répondent : « Grâce à la croissance verte soutenue par les TNIC ».

Certaines politiques publiques font déjà ce pari des « écoTIC », traduction récente en français du terme très utilisé de « green IT ». Ainsi, la Commission européenne met les technologies de l’information au premier plan de ses programmes conçus pour améliorer notre efficacité énergétique en cherchant à optimiser les systèmes consommateurs d’énergie et à sensibiliser les usagers aux économies d’énergie. En effet, la puissance d’Internet dans la diffusion d’informations peut tout autant être mise au service de la sensibilisation et de l’éducation aux objectifs du Millénaire que de la diffusion de savoirs alternatifs ou de la popularisation des énergies renouvelables... Pour les pays en développement, de nouvelles logiques centrées les biens communs ou publics peuvent contribuer par le partage d’outils de traitement de l’information (logiciels libres) ou de contenus (données en ligne) à réduire dans une certaine mesure la « fracture numérique »1, atténuant ainsi les différentiels de développement entre états-nations mais également entre classes sociales. Les industriels du secteur des TNIC développent des technologies permettant de mesurer la pollution en temps réel grâce à des réseaux de capteurs qui peuvent même se porter au poignet comme une montre.

Pour chacune des quatre dimensions du développement durable, les contributions des TNIC sont nombreuses ; l’objectif de ce numéro est d’en évaluer l’impact économique et social.
Pour autant, les outils offerts par les TNIC favorisent-ils une meilleure gouvernance et une vie plus démocratique dans les sociétés humaines ? Certes, les TNIC bénéficient, comme c’est souvent le cas avec une nouvelle technologie, d’un a priori favorable qui les crédite de nombreuses qualités : réduction de la fracture cognitive entre individus et entre pays, diminution de notre empreinte écologique, soutien à la diversité culturelle, renforcement de la démocratie, émancipation des consciences, transparence des décisions, etc. Il est permis de penser que ces vertus sont surévaluées sous l’effet d’un vent prométhéen qui serait propice au développement durable. Dans le secteur automobile, l’injection électronique permet de réduire la consommation de carburant mais contribue-t-elle pour autant à réduire la facture énergétique globale si elle rend plus attractif le véhicule qui en est équipé ou si elle pousse son conducteur à faire plus de kilomètres ? La puissance de diffusion de l’information est-elle mise au service d’une société plus juste et plus économe en services naturels ? Dans quelle mesure une meilleure éducation au développement durable facilite-t-elle l’émergence de comportements de consommation durable ? Les technologies de contrôle de notre environnement naturel mises en œuvre pour le protéger présentent-elles un risque de détournement anti-démocratique ? Les besoins énergétiques et en matières premières suscités par la production et l’usage des TNIC remettent-ils en question leur caractère central dans l’évolution des sociétés humaines au 21e siècle ?

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