Trois ateliers : les discours d'accompagnement des T.I.C.

Les innovations managériales dans les entreprises sont conduites au nom du service à rendre aux clients. Les discours managériaux visent l'adhésion des personnes aux processus instaurés et s'adressent à leur subjectivité. Dans ce cadre la fausse objectivité des T.I.C. peut être utilisée à de nombreuses fins : comme un instrument d'évaluation des performances et des individus, comme un moyen de faire adopter des modèles de relations sociales, etc. Plus globalement, le discours sur le fonctionnement en réseaux et la décentralisation des décisions dans l'entreprise masque souvent une forte dualité : d'un côté les réseaux de pouvoirs, de plus en plus circonscrits ; de l'autre, un brouillard de communications tous azimuts qui n'aide guère l'action collective. Par ailleurs, les discours managériaux s'appuient sur des manipulations interpersonnelles. La culture de la communication en entreprise est souvent une culture de manipulation. D'autres discours sur le management sont-ils possibles ? Qui pourraient les tenir et avec quels moyens ? Et à partir de quelles expériences ?

Au-delà des effets de norme (« il faut bien s'y mettre, puisque tout le monde le fait »), les T.I.C. sont en débat. Ne faut-il pas distinguer entre le discours technique, et le discours sur les techniques qui les accompagnent et les légitiment ? Quels sont les grands traits du discours d'accompagnement des Technologies de la Communication ? Qu'est-ce que l'utopie d'Internet ? Quels sont ses rapports historiques et actuels avec l'idéologie libertaire ? D'où vient ce discours ? Comment est-il travers par l'idéologie libérale ? Comment a-t-il déterminé la forme prise par les techniques et les conditions de leurs usages ? Peut-on orienter autrement le développement technologique ? Sur le plan des pratiques, des formes de résistance s'organisent contre les monopoles industriels (exemple : les logiciels libres).

La possibilité d'entrer en contact avec d'autres, apparemment sans médiateur, renvoie à la suppression des « corps intermédiaires » et à l'illusion de libération qui en découle. A l'opposé, les tentatives d'interconnexion des fichiers alimentent la certitude que le maillage « mondial » conduit à des phénomènes de surveillance généralisée nécessaires aux sociétés ultra-libérales. N'y a-t-il pas des deux côtés une utopie de la transparence totale, c'est-à-dire une fixation sur le signal technique au détriment du sens politique ?

Trois ateliers conduits simultanément ont mis ces questions en débat.