2 Callon [1991], [1992] propose d'analyser les techniques à travers leurs impacts sur trois questions fondamentales que posent l'adoption d'une technologie : 1) l'accessibilité des biens (coûts d'acquisition, savoir nécessaires,...) ; 2) la réalité même du choix (en terme de diversité de l'offre) ; 3) les contraintes irréversibles qu'exercent les décisions passées sur les décisions futures.
Horn [1999a] distingue trois réseaux technico-économiques constitués, celui de l'informatique traditionnelle (les "mainframes"), celui de la mini-informatique puis des stations de travail, celui de la micro-informatique. Il estime qu'un quatrième, résultat de la fusion des trois précédents serait en cours d'émergence. Linux est placé dans le deuxième réseau. Pourtant, c'est un système qui fonctionne avec des machines issues de la micro-informatique.
3 Et en particulier au problème du "petit monde", oú l'on cherche à évaluer par combien d'intermédiaires doit-on, en moyenne, passer pour que "tout le monde connaisse tout le monde". Pour un exposé plus détaillé de l'application de la notion de "monde" aux logiciels libre, voir Jullien & Phan [1999]
4 On ne peut pas vraiment parler d'un logiciel pour un système d'exploitation. Techniquement, Linux, comme les autres systèmes, est composé d'un ensemble de logiciels. Il est aujourd'hui accompagné de logiciels complémentaires qui améliorent le confort d'utilisation, comme des logiciels d'interface graphique.
Lorsque nous parlerons de Linux, ce sera de cet ensemble que nous parlerons. C'est un choix courant (on parle bien d'''Unix", ou des "Unix").
5 Un système d'exploitation est un élément important dans un ordinateur car il assure l'interface entre les logiciels d'application et la partie matérielle de la machine. C'est un élément qui engendre de très fortes externalités, c'est dire que l'usage d'un tel bien par un individu a des conséquences sur la valeur que d'autres individus attribuent à ce bien (Cornes & Sandler[1991]). Le fait d'utiliser le même traitement de texte permet, par exemple, d'échanger plus facilement des documents. Il peut en découler des phénomènes de standardisation autour d'un produit ou d'un type de produit. C'est, par exemple, le cas, en informatique, avec certains logiciels (Windows, les logiciels de traitement de texte)
6 Pour une histoire détaillée d'Unix, on pourra consulter McKusick[1999], Janssens[1991].
7 Plusieurs utilisateurs peuvent utiliser la machine en même temps, un même utilisateur peut utiliser plusieurs programmes en même temps.
8 Ce projet avait pour but de réaliser un système d'exploitation à temps partagé pour les gros ordinateurs de GE. Faute de ressources, il est abandonné en 1968. Il est repris par deux informaticiens des Bell Labs, Dennis Ritchie et Ken Thompson, rejoints en 1970 par Brian Kernighan.
9 Un langage "indépendant" de la machine peut, assez facilement, être installé sur des machines avec des architectures différentes. Ce "portage" n'est pas sans coût. Mais c'est un progrès sur les machines qui existaient avant, et pour lesquelles le système d'exploitation était écrit spécialement, dans un langage propre à la machine (appelé assembleur). Le nom du langage qui sera inventé et utilisé est le "C".
10 Programmes qui transforme un langage, par exemple le C, en instructions compréhensibles par la machine.
11 Pour pouvoir conserver son monopole dans les télécommunications, AT&T avait renoncé à avoir une activité commerciale en informatique (FCC agreement en 1953).
12 Nous prendrons deux exemple pour illustrer l'efficacité de cette coopération :
- dans les années 80, le logiciel d'interface graphique pour Unix qui s'est imposé est le logiciel XFree86, développé par des utilisateurs. Il était en concurrence avec, notamment, une solution proposée par Sun ;
- le logiciel Apache (logiciel serveur pour le Web) détient actuellement plus de 50% des parts de marché dans ce domaine et est actuellement le seul logiciel qui gagne des parts de marché (Netcraft [1999]). Il est né parce qu'un groupe d'administrateurs de serveurs Web ont collaboré pour améliorer le logiciel originel lorsque l'organisme qui l'avait développé (le NCSA) a cessé de le faire.
13 Raymonds [1998] en fait une des qualités première du bon programmateur, ou "hacker".
14 C'est à dire un outils performant sur des critères techniques comme la rapidité, la puissance de calcul, la qualité du graphisme.
15 Cette stratégie n'est pas toujours couronnée de succès: nous avons vu que pour le système d'interface graphique, c'est le système proposé par les utilisateurs qui s'est imposé, pas celui de SUN.
16 Citons, pour mémoire et de façon non exhaustive, Tandy, Commodore, Amstrad, Compaq, Dell, mais aussi Xerox, Wang ou Olivetti.
17 Son succès est, au départ, dû à un programme de tableur (Visicalc, apparu en 1971).
18 Genthon[1995] (p 94) cite le chiffre de 400 000 micro-ordinateurs vendus en 1980 aux États-Unis (et 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires), contre 25 000 en 1977.
19 Un autre argument avancé est, qu'à l'époque, IBM était poursuivi dans une procédure anti-monopole et que cette collaboration était un moyen de ne pas renforcer les suspicions.
20 Le processeur est fourni par Intel, les disques par Tandon et le système d'exploitation par Microsoft.
21 En 1982, les PC d'IBM représentent 33% du marché américain des micro-ordinateurs professionnels (42 % et 1983), le volume des ventes de PC compatibles IBM dépasse celui des Apple (Genthon[95] p 97 & Dréan[96] p 49)
22 Genthon [1999] a montré en quoi ce phénomène a révolutionné l'informatique ; il parle d'un phénomène de standardisation comme base de cette révolution. Nous préférons employer le terme de compatibilité, car d'autres standards existent et Unix en est un. Mais ce phénomène de compatibilité dans un marché de masse reste une révolution dans le système de production.
23 Dans le secteurs des composants, principalement, la conquête de parts de marché passait (et passe toujours!) par l'innovation qui doit s'amortir sur des séries de produits de plus en plus grandes (Benzoni[1991])
24 Protocole de réseau développé par Novell.
25 Protocole de réseau développé par les opérateurs de télécommunications.
26 La marge sur une mainframe est de l'ordre de 70%, contre 10% sur un PC (Dréan[1996]).
27 Ce comportement est classique dans l'informatique (Digital l'a fait en augmentant la puissance de ses "minis" pour concurrencer les mainframe d'IBM, les fabricants de stations de travail le font à la même époque, pour concurrencer les minis et les petites mainframes).
28 Citons, et de façon non exhaustive, Minix, Unix développé pour l'enseignement et l'Unix pour PC de Microsoft.
29 Jusque là, ATT avait un monopôle dans télécommunications, mais n'était pas autorisée à entrer sur d'autres marchés et notamment sur le marché de l'informatique.
30 http://www.fsf.org
31 Stallman[1998]
32 Une autre raison du succès de Linux est d'ailleurs que la base du système d'exploitation de la FSF, Hurd, n'était pas au point, sans doute à cause de choix techniques trop ambitieux. Linux était vu aussi comme un système utilisable "en attendant Hurd".
33 Extrait du texte de la GPL (GNU General Public Licence, (http://www.fsf.org/copyleft/gpl.html) :
"Our General Public Licenses are designed to make sure that you have the freedom to distribute copies of free software (and charge for this service if you wish), that you receive source code or can get it if you want it, that you can change the software or use pieces of it in new free programs; and that you know you can do these things."
34 On peut actuellement installer Linux sur des machines SUN, qui utilisent un processeur développé par SUN, le SPARC, mais aussi sur des machines Compaq avec un processeur Alpha, sur des Machintoshs (processeur PowerPC), etc.
35 On pourra consulter Dalle&Jullien [1999] à ce sujet.
36 Plus il y a de contributeurs, plus la chance qu'un des contributeurs trouve une des erreurs augmente. Augmentent aussi la chance qu'il y en ait un qui sache la corriger et la chance qu'une personne propose une solution intéressante.
37 http://www.valinux.com
38 Voir l'interview de M. Prial, responsable marketing Linux et Solution chez IBM dans Décision Micro&Réseau, 22 mars 1999.