Godefroy Dang-Nguyen et Thierry Pénard, dans leur article intitulé "Don et Coopération sur Internet : une nouvelle organisation économique ?", avancent que le logiciel libre s'inscrit dans une perspective plus large d'une nouvelle Economie qui s'organiserait à partir d'Internet et qui s'appuierait de façon significative sur le don et la coopération. Internet peut en effet se définir comme un réseau universel de co-production, de co-consommation et d'échanges de services sous forme électronique. Les auteurs montrent que le contexte institutionnel dans lequel est né Internet ne suffit pas à expliquer le poids actuel des services non marchands et la vitalité des comportements coopératifs sur ce réseau comme par exemple dans les logiciels libres. Selon eux, ces éléments sont consubstantiels de l'économie d'Internet, appelée aussi Net Economie. L'explication tient en grande partie à l'absence de séparation claire entre ceux qui sont producteurs de services et ceux qui sont clients. Cette réversibilité des rôles rend difficile l'émergence d'une logique classique de marché et favorise le don et la coopération sur une échelle mondiale.La deuxième contribution de François Horn intervient plus en amont sur les conditions de production des logiciels.
François Horn répertorie quatre mondes de production à partir d'une grille théorique empruntée à Salais et Storper : le premier est le monde interpersonnel des logiciels sur mesure, le deuxième est le monde fordiste des logiciels standardisés et édités en grande série (le monde de Microsoft), le troisième est le monde de la production flexible qui combine des logiciels sur mesure à partir de composants standards. Enfin le dernier monde est celui des logiciels libres (appelé le monde de la création) qui sont produits pour répondre à des besoins personnels et peuvent être co-développés avec des utilisateurs qui ont les mêmes besoins. Comme ces logiciels sont produits à partir de standards (pour permettre aux développeurs de coopérer plus facilement), ils sont assez ouverts et garants d'une certaine diversité et d'une concurrence dans le secteur marchand du progiciel.
L'article de Jean-Benoît Zimermann intitulé "Logiciel et propriété intellectuelle : du copyright au copyleft" s'intéresse aux moyens de promouvoir efficacement l'innovation dans le secteur des logiciels. Si les brevets peuvent être un moyen efficace de résoudre le dilemme entre incitation à l'innovation et diffusion collective, cette forme de protection rencontre de fortes limites dans les logiciels, compte tenu de leurs caractéristiques.
Zimmerman propose deux solutions pour dépasser le dilemme entre performance individuelle et efficience collective, la normalisation des interfaces sur lesquelles il serait interdit de déposer des brevets et le copyleft qui garantit la libre disponibilité des sources.
Enfin, Denis Phan et Christian Genthon, s'interrogent sur la stratégie des acteurs marchands vis-à-vis du logiciel libre. Tout en rappelant que la production coopérative de logiciel a toujours existé (avant les logiciels libres), ils recherchent les raisons du soudain succès de cette approche du développement. Une comparaison rapide des modes de production du logiciel "libre" (coopération distribuée, interaction programmeurs- utilisateurs, recours à Internet) et du logiciel marchand (centralisation, méthodologie) ne permet pas d'attribuer un avantage déterminant en faveur d'un mode ou d'un autre. Plus sûrement, le décollage du logiciel libre s'explique par le développement d'Internet, qu'il a favorisé et dont il a en retour profité. La percée actuelle, qui voit le logiciel libre sortir de la niche de marché des serveurs d'Internet doit être analysée à l'aune des stratégies développées par certaines entreprises de l'informatique pour contrer la domination actuelle de Microsoft. Tous ces acteurs sont à la recherche de solutions alternatives. Le logiciel "libre" venant d'un autre monde peut susciter le consensus de firmes en concurrence, après les échecs d'unification d'Unix. Le logiciel libre se trouve donc aujourd'hui partie prenante du mouvement d'évolution de l'industrie marchande du logiciel.