Les deux articles rassemblés dans ce dossier tentent d'apporter des éléments de réponse à ce questionnement. Les auteurs, tous deux économistes, proposent un regard sur les deux principales formes d'activités marchandes relatives au logiciel libre : les activités d'édition et de service liées à la diffusion-commercialisation de produits du libre, d'une part, et la « libération » de codes développés à l'origine dans un contexte privé, de la part d'entreprises à finalité commerciale, d'autre part.
Christian Genthon, Maître de Conférences à l'Université Pierre Mendès-France de Grenoble, remet en cause l'existence d'un modèle de développement des éditeurs du libre et conclut à la fragilité d'une modalité de financement du développement d'outils par le biais des services. Il s'interroge sur l'éventualité d'un soutien public à un mouvement susceptible de renforcer la concurrence face aux tendances monopolistiques du secteur.
François Horn, Maître de Conférences à l'Université de Lille III, examine de son côté la manière dont les décisions de libération des codes informatiques privés constituent des dynamiques d'évolution nouvelles, au sein du ou plutôt des mondes de production du logiciel, et contribuent ainsi à soutenir la croissance du logiciel libre. Il propose et illustre deux modèles de libération dans lesquels la rationalité des acteurs correspond alternativement, d'une part à une volonté de pérenniser un produit stratégique et, d'autre part, à l'objectif de fonder l'activité marchande sur la vente de services liés au logiciel libéré.
Jean-Benoît Zimmermann