Afin de tenter de suivre les détours d'une logique qui s'éloigne de plus en plus du contrôle citoyen, nous vous proposons les contributions de deux personnalités ayant assumé des responsabilités dans le domaine des biotechnologies. Jean-Yves Le Déaut et Guy Paillotin ont accepté de nous confier chacun un texte relativement court donnant leur sentiment sur la question très controversée des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Jean-Yves Le Déault, Député (P.S.) de Meurthe & Moselle (6ème circonscription), appartient également au monde de la recherche puisqu'il fût Directeur du laboratoire des Biosciences de l'aliment et Professeur de biochimie à la Faculté des Sciences de Nancy de 1983 à 1998. Bien qu'auteur de plus de cinquante publications sur les enzymes, bactéries lactiques et protéines du lait, il est certainement plus largement connu de ses concitoyens pour son action à l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) tantôt comme Président, tantôt comme actuellement en tant que Vice-Président, au gré des différentes majorités parlementaires. Parmi les différents travaux parlementaires qu'il a consacrés aux problèmes technologiques, il convient de signaler le plus récent portant sur les OGM et les essais aux champs (1). Il vient d'être chargé par l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques d'un rapport sur « La place des biotechnologies en France et en Europe ». Dans cette conférence prononcée à l'occasion du cinquantenaire de la découverte de la double hélice de l'ADN par Francis Crick et James Watson, Jean-Yves Le Déaut affirme son opposition à toute vision manichéenne du progrès, en particulier à propos des OGM : « ni tout blanc, ni tout noir ».
Guy Paillotin, Ingénieur général des mines, fut notamment Président de l'Inra (2) de 1991 à 1999. Il est désormais Président du conseil d'administration de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale (AFSSE) placée sous la double tutelle des ministres chargés de l'environnement et de la santé. Il a été distingué comme Commandeur dans l'Ordre du Mérite agricole pour les différentes responsabilités qu'il a exercé tant à l'Inra qu'au Cirad (3) ou à l'Ina-PG (4), mais aussi pour la mission qu'il a conduite sur l'agriculture raisonnée5. Il est membre du Comité d'éthique et de précaution pour les applications de la recherche agronomique (Comepra) créé en 1998.
Dans cette conférence prononcée devant l'Académie d'Agriculture de France, il nous fait part en tant qu' « homme libre » - c'est ainsi qu'il se définit - des difficultés de son action en tant qu'administrateur pour « gérer la recherche dans les turbulences médiatiques ».
Notes