Face aux défis actuels lancés au secteur des
services de télécommunications, cet article a pour objet
de mettre en perspective la trajectoire historique de la régulation
sectorielle, afin d'éclairer les métamorphoses en cours.
Cette réflexion s'intègre dans l'effort mené
sous la direction de Robert Boyer et Yves Saillard (La théorie
de la régulation : L'état des savoirs, La Découverte,
1995), et s'inscrit notamment dans la perspective de la spécificité
des dynamiques sectorielles. Nous insistons sur la nécessité
d'une approche en terme de régulation sectorielle1.
L'insertion dans un modèle dominant (le fordisme) ne doit pas masquer
les particularités sectorielles que l'on explicite a travers l'analyse
du dispositif institutionnel spécifique au secteur. Les institutions
sectorielles, issues de l'insertion historico-politique des télécommunications
dans un cadre public, évoluent au rythme des transformations, notamment
techniques, que connaît le secteur.
La régulation sectorielle des télécommunication
fait apparaître deux grandes composantes :
- une articulation entre le régime économique
de développement (qui n'est pas en phase avec le fordisme) et les
formes de la concurrence (monopole réglementé qui se déstructure
aujourd'hui), faisant apparaître le produit offert comme une composante
forte (du téléphone à la multiplication des services)
;
- le rapport salarial, structuré par les formes de la
concurrence, donne sa cohérence et son efficacité à
l'organisation sectorielle. Il se trouve profondément atteint par
le changement de métier et la dualisation du secteur.
La régulation sectorielle des télécommunications
s'est construite dans des espaces nationaux et selon des dispositifs structurés
nationalement. La déstructuration des télécommunications
est marquée par deux mouvements majeurs qui modifient profondément
l'ensemble des dispositifs : mondialisation des réseaux et des logiques
d'organisation ; multiplication et différenciation qualitative des
services.
De la pénurie à la diffusion de masse : régime
de
développement et formes de la concurrence
La dynamique que connaissent les télécommunications
sur une longue période fait apparaître un lien très
étroit entre la nature du produit et les formes de concurrence qui
se mettent en place pour le valoriser. Les questions sur la nature du réseau
et ses conditions de valorisation ont des implications en terme de structuration
du marché : les monopoles réglementés constituent
le vecteur de développement du téléphone dans les
grandes nations industrialisées.
Si le monopole apparaît très généralement
comme un des facteurs essentiels de la diffusion de masse, le régime
économique de développement diffère par contre d'une
nation à l'autre. Ainsi le degré d'implication de l'Etat
et, de façon liée, la dynamique des investissements, rythment
la croissance des télécommunications selon des particularités
nationales. En France, une situation pénurique très longue
précède la phase de rattrapage, attestant d'une particularité
non seulement nationale, mais aussi sectorielle2.
Le monopole : un passage obligé de la diffusion de
masse
Généralité des processus de monopolisation
et d'intervention de l'Etat
Les modes de valorisation du capital sont une explication privilégiée
par l'économie industrielle, qui montre que les rendements croissants
et les économies d'échelle induisent une situation de monopole
naturel dans une situation monoproduit3.
La présence de fortes externalités positives doit être
considérée comme un des éléments de l'efficacité
d'un monopole d'exploitation pour le réseau téléphonique
: le raccordement d'un abonné supplémentaire accroît
l'utilité des abonnés présents, et donc la valeur
du réseau.
Néanmoins le processus de monopolisation apparaît
comme largement artificiel, même si la concurrence entre exploitants
est destructrice. L'histoire des télécommunications françaises
est très précocement marquée par l'intervention de
l'Etat et du pouvoir militaire. En 1837, soit une quarantaine d'années
avant l'invention du téléphone, l'Etat se préserve
un monopole d'autorisation sur la transmission des signaux "soit à
l'aide de machines télégraphiques, soit par tout autre moyen".
Le développement des infrastructures est organisé pour les
ministères de l'Intérieur et de la Défense, avant
d'être envisagé pour un usage privé.
Ainsi le téléphone apparaît dans une situation
déjà largement organisée, avec un contrôle étatique.
La monopolisation, la nationalisation, puis l'intégration au ministère
des Postes et télégraphe déjà existant sont
ainsi réglés en moins de dix ans. La nationalisation, et
donc la monopolisation, est votée en 1889, sans que le débat
se porte sur les questions économiques. La dynamique de monopole
et l'influence directe de l'Etat sont donc constitutifs de la structuration
des télécommunications. Il s'agit là d'une marque
sectorielle essentielle.
Pour protéger les exploitants de la concurrence et les
utilisateurs contre le monopole (et en tout cas mettre fin à une
période d'instabilité), les Etats-nations se dotent de réglementations
et d'organes de contrôle. Cet élément est particulièrement
fort aux Etats-Unis où le monopole est privé. En France,
l'administration qui gère l'exploitation est chargée de son
propre contrôle. Le ministère des PTT est une lourde machine
bureaucratique dont la réforme est sans cesse repoussée.
En 1923, les PTT débutent une longue marche vers l'indépendance
en disposant d'un budget annexe, donc distinct de celui de l'administration
centrale. La réforme de 1971, en simplifiant l'organigramme du ministère
en deux directions (télécommunications ; postes et services
financiers), fait progresser l'autonomie de l'exploitant, sans toutefois
rompre les liens avec l'Etat central. L'indépendance statutaire
de France Télécom date de 1990.
Monopole et imbrication dans l'Etat constituent les bases institutionnelles
sur lesquelles repose la régulation sectorielle, jusqu'à
la maturité du réseau monoproduit.
Du régime de croissance lente à l'effort de
rattrapage
La diffusion du réseau téléphonique, puis
des différents services de télécommunication suit
un rythme singulier, duquel on peut faire émerger un "régime
économique de développement" particulier4,
identifié par le type de croissance et la dynamique de l'investissement.
Si l'économie des réseaux montre les spécificités
de la diffusion et de la valorisation du capital, à cette analyse
micro-économique doivent s'ajouter les éléments, historiques
et institutionnels, qui ont façonné le secteur de façon
originale.
- Investissements : les télécommunications oubliées
des priorités françaises
Jusqu'au début des années 1970, la dynamique
des télécommunications est marquée en France par une
longue période pénurique, durant laquelle la croissance est
lente. Les télécommunications ne sont pas une priorité
des plans quinquennaux ; les financements du réseau technique sont
donc largement insuffisants5 et l'organisation
sectorielle se révèle inefficace. L'insertion des télécommunications
dans l'administration centrale rend les investissements dépendants
de la logique budgétaire des différents gouvernements.
La période de croissance économique 1945-1974
ne permet pas pour les télécommunications le développement
d'une consommation de masse en France, alors qu'aux Etats-Unis, dès
les années 1960, le niveau d'accessibilité au téléphone
peut être assimilé à une consommation de masse6.
Aux Etats-Unis, les investissements répondent à une toute
autre logique, car le contrôle du monopole privé s'effectue
par une réglementation du taux de profit (durant toute la période
de monopole réglementé, un taux de profit maximum de 7% en
moyenne est imposé à l'opérateur). Le surinvestissement
est un effet pervers que l'on a mis en évidence : en investissant
l'exploitant limite son taux de profit. En situation de monopole réglementé,
l'investissement est favorisé, d'autant qu'il n'y a pas de sanction
par le marché (les prix peuvent être élevés).
Le régime d'investissement et la dynamique de l'offre s'affirment
à travers des spécificités nationales, liées
aux arrangements institutionnels propres.
- Vers le service universel
La diffusion grand public du téléphone, c'est
à dire le développement d'une consommation de masse, n'intervient
que tardivement en France, après la période dite du rattrapage
téléphonique (1974-1984).
La réalisation d'un service universel pour le téléphone
apparaît comme un objectif fixé aux exploitants de réseau.
On considère qu'un service est universel lorsqu'il met à
la disposition de tous les utilisateurs un service minimum, selon une qualité
définie et à un prix abordable. Le monopole est ainsi justifié
par la mission à réaliser, car la constitution d'un service
universel passe en premier lieu par l'interconnexion de tous les points
du territoire.
La référence au service universel n'est cependant
pas explicite. Par contre la notion de service public est présente
: la satisfaction des critères d'équité, de continuité
et de neutralité, impose des redistributions entre les différents
usages et les différents usagers (péréquation tarifaire).
L'exploitation dépend donc largement de déterminants politiques
et réglementaires ; c'est ainsi le droit administratif, et non le
droit commercial, qui régit l'activité.
La dynamique en oeuvre durant toute la période de diffusion
du téléphone, soit près d'un siècle en France,
repose très largement sur une politique d'offre, centralisée,
qui structure le réseau et les usages. Il s'agit d'une période
de grands projets où domine un opérateur7.
La création du réseau, le développement du téléphone,
puis la première phase de différenciation des services se
développent très largement sous l'impulsion de l'offre, qui
crée une norme de consommation. Norme d'abord monoproduit (avec
le téléphone), qui s'étend ensuite à la multiplication
des services avec le système vidéotex.
Le modelage de la consommation constitue, avec la particularité
du rythme de croissance, un élément de la singularité
sectorielle. La consommation de masse des services de télécommunications
apparaît à l'orée de la crise du fordisme. On ne peut
cependant pas établir une liaison significative entre ces éléments
chronologiques : le lancement du plan "téléphone pour tous"
n'est pas liée, à la politique macro-économique de
crise, mais à la crise sectorielle (la pénurie devient critique).
Différenciation qualitative et éclatement
des formes de la concurrence d'un secteur qui se mondialise
Démontré par l'économie industrielle et
confirmé par les trajectoires nationales, le réseau téléphonique
arrive à maturité dans le cadre de monopoles structurés
nationalement et encadrés par des constructions institutionnelles
originales. On observe alors un lien étroit entre les structures
du marché, la mission confiée aux opérateurs (la fourniture
d'un service universel) et le caractère monoproduit du réseau.
La mondialisation des télécommunications impulsée
par les Etats-Unis
Les télécommunications sont structurées
nationalement sur des édifices réglementaires particuliers
: le réseau, son architecture, ses tarifs (y compris les redistributions)...
s'organisent lentement, en étroite relation avec l'Etat. Lorsque
le service téléphonique devient universel, il arrive à
une phase de maturité. La configuration institutionnelle qui a permis
sa réalisation est alors remise en cause par le passage de la monoproduction
à la multiproduction et par la mondialisation8.
La précocité de la maturité du service
téléphonique universel aux Etats-Unis est un des éléments
expliquant la précocité de la remise en cause du monopole.
La phase qui suit va emporter les dispositifs qui ont soutenu le régime
de développement précédent. Le problème alors
posé aux (anciens) monopoles européens, aux gouvernements
et aux organismes de réglementation peut être formulé
ainsi : comment développer, sur ces décombres, une logique
nationale ou régionale qui reste forte.
Aux Etats-Unis, les télécommunications arrivent
à maturation dans les années 1960, et la remise en cause
progressive du monopole aboutit à son démantèlement
(1984). Auparavant, le marché est progressivement ouvert à
la concurrence, et la stratégie de croissance des différents
opérateurs s'oriente vers l'exportation. L'espace national est étroit
pour les firmes en présence, et leur compétence dans le domaine
leur permet d'espérer d'importants bénéfices, notamment
outre Atlantique, où les marchés sont encore protégés.
La déréglementation des télécommunications
américaines se trouve mise en perspective par cette stratégie
de croissance à l'extérieur. Le monopole ATT, alors première
firme mondiale, est réglementairement limité au seul secteur
des télécommunications (son action dans les services téléinformatiques
est entravée) et au seul territoire national. La déréglementation
ouvre les marchés d'exportation à ATT. Sa recherche de croissance
s'exprime donc sur les liaisons internationales, où la concurrence
par les prix fait rage. Cette pression tarifaire s'accompagne d'une pression
politique. Il s'agit pour les Etats-Unis d'exporter leur modèle
de déréglementation en Europe. Durant les années 1980,
la pression idéologique libérale est très puissante9.
La réponse, qui est donnée au niveau de la communauté
européenne, notamment par le Livre Vert sur les télécommunications
de 1986 (et l'acte unique de 1991) est la création d'un grand marché
unique, espace libéralisé et concurrentiel pour faire contrepoids
au marché américain10. Le
développement d'un espace européen de "libre concurrence"
se joint à la pression concurrentielle internationale pour remettre
en cause en profondeur, non seulement les monopoles, mais aussi les dispositifs
réglementaires nationaux, sans pour autant former une logique sectorielle
de substitution.
Multiproduction et déstabilisation des régularités
sectorielles nationales
Tant que le réseau n'offre qu'un seul service, le téléphone,
l'offre se confond avec l'activité de conception-construction-gestion
du réseau technique. Il y a indifférenciation du réseau
et du service dans une situation monoproduit. On considère de façon
assez générale (jusqu'à la récente différenciation
qualitative) le téléphone comme étant un seul et même
service au regard de l'offre, même si différents usages et
différentes liaisons coexistent.
La phase qui suit la réalisation du service universel
est marquée par la différenciation qualitative des services,
elle-même permise par un changement technique majeur pour les télécommunications
: la numérisation du signal. Ce changement technique, qui rend possible
la différenciation, est soutenu par la marche forcée vers
le service universel (Cf. infra la convention de croissance).
Le passage de la mono à la multiproduction est un élément
fondateur des modifications des structures d'offre. En situation monoproduit,
les économies d'échelle sont une condition suffisante du
monopole naturel. En situation multiproduit, par contre, cette preuve du
monopole naturel est insuffisante car il faut considérer non seulement
les économies d'échelle globales mais aussi les économies
d'échelle de chaque produit, ainsi que les économies de variété
(c'est à dire les économies résultant d'une fourniture
jointe de plusieurs produits). Faire la preuve d'un monopole naturel est
alors pratiquement impossible en situation multiproduit, ce qui favorise
l'ouverture des télécommunications à la concurrence.
La coexistence de services différenciés fait
apparaître une distinction de nature entre le réseau et les
services. La valorisation du réseau technique se heurte à
des coûts fixes, des barrières à l'entrée (seuils
financiers, compétences techniques...) des durées de création
du réseau, et enfin des externalités qui limitent la possibilité
et l'efficacité des offres concurrentes. Ces éléments
ne conduisent pas nécessairement au monopole, ils induisent certainement
une situation oligopolistique. Les réseaux restent marqués
par la particularité des coûts fixes et des rendements croissants.
L'offre de services consiste à mettre en oeuvre des
solutions particulières en mobilisant des compétences diverses,
issues notamment de domaines hors télécommunications (finance,
gestion, information, jeu...). Les compétences techniques de l'offreur
de services peuvent être réduites dès lors que le réseau
technique qu'il utilise lui est fourni par un tiers. Ainsi l'exemple du
Minitel présente un mode de production particulier, où le
réseau est pris en charge par un opérateur distinct de l'offreur
de services. Dans ce sens les services échappent en partie à
la particularité de l'économie des réseaux (notamment
les coûts fixes). Cependant les services restent toujours offerts
en réseau, et alors la dynamique de leur diffusion dépend
toujours d'effets externes. Une masse critique (seuil d'utilisation minimum)
doit être atteinte pour que l'utilisation bénéficie
d'un effet d'attirance croissant.
Savoir si la différenciation est plus efficace par multiplication
des services ou par multiplication des réseaux est dès lors
une des questions majeures posées aux organismes de réglementation.
Pour favoriser l'offre de services de télécommunications
sans se heurter aux limites technico-économiques de la multiplication
des réseaux, la communauté européenne, après
les Etats-Unis, a adopté une réglementation dite d'architecture
ouverte11. Il s'agit de contraindre les
exploitants de réseau à fournir aux offreurs de services
les mêmes prestations qu'ils utilisent pour leurs propres services,
afin de développer la concurrence. Cependant cette tentative de
régulation du marché se heurte à des grandes difficultés
techniques et politiques. Il s'agit notamment d'ouvrir les infrastructures
sans entraver leur rythme de diffusion et d'innovation. Dès lors
le contrôle et la tarification posent de redoutables problèmes,
qui ont retardé la réalisation de cette infrastructure ouverte.
Cela signifie que le pouvoir des oligopoles (anciens monopoles) reste suffisant
pour entraver (ou ralentir) leur destruction réglementairement organisée.
Mondialisation et multiplication des produits viennent à
bout de la régulation sectorielle administrée
La situation française, marquée par une implication
très forte de l'Etat, est actuellement en cours de dislocation.
Le monopole en premier lieu est atteint. La concurrence d'abord
internationale puis nationale rompt l'équilibre tarifaire. En effet,
le service public se finance par un système de redistribution qui
est déstabilisé par un écrémage des liaisons
rentables (l'écrémage consiste pour un opérateur concurrent
à n'offrir des services que sur une liaison à fort trafic
en cassant les prix ; l'exploitant de service public ne peut plus dégager
d'excédent sur cette ligne pour financer des lignes moins rentables).
Or avec l'autorisation des Réseaux et Service à Valeur Ajouté
(en 1987), puis avec la loi sur la réglementation sectorielle de
1990, le monopole est certes reconnu sur les "réseau public ouverts
à des tiers", mais son omniprésence est remise en cause.
Enfin l'ouverture à la concurrence de tous les segments du marché,
impliquant la fin du monopole, est prévue pour 1998. Reste cependant
une interrogation sur le nombre et l'origine des opérateurs accrédités
pour l'offre des différents produits. Déjà des réseaux
concurrents se développent (particulièrement pour la radiotéléphonie,
mais aussi pour des usages internes aux entreprises), en utilisant notamment
des liaisons spécialisées louées à l'opérateur.
Une situation nouvelle se met en place avec un exploitant de service public
sans monopole, et donc avec un financement radicalement différent.
La difficulté de financement de l'égalité d'accès
en situation de concurrence atteint même l'existence du service public.
Le secteur se dualise avec des services professionnels différenciés
en plein essor.
La réglementation nationale se met en accord avec les
directives européennes qui, elles-mêmes, organisent une mondialisation
du marché des télécommunications et une homogénéisation
des régulations nationales. Les modèles nationaux particuliers
tendent à disparaître. Se dirige-t-on vers une homogénéisation,
ou bien des particularités nationales vont-elles subsister ? En
effet l'Etat ne dispose plus que de moyens réduits pour mener une
politique industrielle indépendante et volontariste12.
Dans ce sens les relations de soutien réciproque de l'industriel
national et de l'exploitant de réseau se disloquent. Dans une situation
mondialisée multiproduit, les régularités ne semblent
plus s'inscrire de façon déterminante au niveau national.
Progressivement, la demande intervient comme un élément
moteur structurant, alors que le réseau téléphonique
s'était essentiellement développé dans une logique
d'offre indifférenciée. Les transformations sont directement
liées à l'évolution du produit. D'un produit universel,
standard-générique au sens de R. Salais (offre standard d'un
produit répondant à des demandes identiques), on s'oriente
vers une gamme de produits dont certains conservent la caractéristique
standard-générique (le téléphone est couplé
à de nouveaux services offerts par France Télécom
dans une logique d'offre), et d'autres tendent vers une caractéristique
spécialisée-dédiée (offre spécialisée
d'un produit adapté à la demande), ce qui explique la multiplication
des structures d'offre et l'adaptation des institutions sectorielles13.
L'offre tend à se spécialiser pour dédier les services,
c'est à dire fournir un service à un usage ou un usager particulier.
Un changement essentiel apparaît, car ce n'est plus l'opérateur
de service public qui structure la norme de consommation. La maîtrise
des projets multimédia (autoroutes de l'information) revient notamment
à définir qui maîtrisera les normes de consommation
à venir.
La compréhension, tant du succès historique du
secteur français des télécommunications, que de ses
difficultés actuelles, se dégage des analyses précédentes
explicitant le régime de développement et les formes de la
concurrence spécifiques. Pour aborder la régulation sectorielle
il convient de caractériser le rapport salarial sectoriel, synthèse
des différentes logiques à l'oeuvre.
Du modèle administré à l'impossible
stabilisation du modèle de complémentarité : quel
est L'avenir du rapport salarial sectoriel ?
L'efficacité productive inattendue de l'offre de services
de télécommunications dans les années 1970 repose
sur un rapport salarial14 que nous qualifions
d'administré, en référence aux pratiques administratives
qui encadrent la relation d'emploi, avec notamment l'application du statut
de la fonction publique aux salariés du secteur. Ce modèle
est remis en cause par la déréglementation internationale
et la multiplication des services permise par l'évolution technique
(numérisation du réseau). Il laisse alors place à
un modèle de complémentarité, qui repose sur une complémentarité
des compétences et des savoir-faire entre le fournisseur du réseau
technique (France Télécom), et les offreurs de services indépendants,
utilisateurs du réseau15. Mais ce
modèle de l'universalité du réseau, appuyé
par France Télécom, est actuellement déstabilisé
par le décloisonnement progressif des savoir-faire en matière
de réseau et de service, introduisant la concurrence jusque dans
la constitution et l'exploitation des infrastructures.
Le rapport salarial administré, fondement de l'efficacité
productive
Durant la période du rattrapage téléphonique,
qui débute dans les années 70, le secteur fait preuve d'une
efficacité jusqu'alors inconnue. Les raisons de cette efficacité
nouvelle tiennent en trois points fondamentaux, qui associent étroitement
structuration administrative et culture technique. L'évolution de
l'organisation du travail, le pouvoir techniciste et la convention de croissance
constituent les trois clés du rapport salarial, que nous développerons
successivement. Le monopole d'exploitation du réseau et la nature
du produit offert (le téléphone comme produit de masse indifférencié)
sont constitutifs du rapport salarial administré.
L'organisation du travail évolue dans le sens d'une
autonomisation et d'une responsabilisation des salariés
Alors que, durant la période pénurique, associée
à la commutation manuelle, le contrôle hiérarchique
direct représentait la seule forme d'incitation au travail pour
la majeure partie des salariés du secteur, le gonflement des services
techniques, lié à l'automatisation du réseau, inverse
la tendance. Dès l'origine du réseau, la tradition d'indépendance
et d'autonomie dans le travail est forte chez les techniciens qui ont en
charge l'installation et la maintenance du réseau. Elle provient
d'une part de l'éloignement géographique du travail (pour
les services des lignes et des installations) et de l'incompétence
technique de la hiérarchie issue de l'administration postale, et
d'autre part de l'ascendance ouvrière de ces métiers à
forte tradition syndicale. A l'opposé, les services d'exploitation
manuelle (dont la mission est de mettre en relation manuellement deux abonnés)
sont essentiellement composés de femmes sans qualification et sans
tradition ouvrière ni syndicale, acceptant un travail routinier
et déresponsabilisé par un contrôle incessant.
L'évolution des techniques de commutation opère
donc un renversement de tendance. En devenant majoritaires, les agents
des services techniques perpétuent, puis imposent progressivement
leur mode de fonctionnement.
Le pouvoir techniciste
Le développement des services techniques est aussi l'occasion
d'un reversement de pouvoir sur le secteur au profit des ingénieurs
des télécommunications.
Apparition d'un pouvoir hiérarchique expert, expansion
des services techniques, et contexte d'innovation technologique, se combinent
pour transformer la règle dominante. L'objectif prioritaire de développement
du réseau, affiché par le pouvoir technique et relayé
par la base, devient la règle commune et supplante la règle
hiérarchique antérieure16.
L'apparition d'une valeur commune, mobilisant les qualités
professionnelles des agents, représente la base de l'efficacité
du marché interne techniciste des télécommunications.
France Télécom répond idéalement à la
définition du marché interne du travail, marché du
travail spécifique et fermé dans lequel un ensemble de règles
définit les positions et les rémunérations de chacun
des membres, ainsi que les perspectives d'évolution au sein du groupe17.
La convention de croissance
La formation des salaires chez France Télécom
repose sur une règle administrative rigide, dissociée des
gains de productivité. La déconnexion entre la progression
des gains de productivité, élevée dans le secteur,
et celle des salaires, relativement faible, associée à la
rigidité à la baisse du volume de travail, est à l'origine
d'une convention de travail originale, issue de la culture technique dominante
: la convention de croissance. Alternative à la convention de chômage18,
cette convention donne à la progression du champ d'activité
sectorielle (le rattrapage dans un premier temps, puis le Minitel...) le
rôle d'absorption des gains de productivité, et évite
une réduction des besoins en travail, dans un contexte de rigidité
à la baisse de l'emploi (absence de licenciement dans la fonction
publique).
Cette première période est caractérisée
par un rapport salarial administré, porteur d'une efficacité
inattendue dans le cadre de la fourniture d'un service public. L'efficacité
de l'association, a priori paradoxale, entre structuration administrative
et domination culturelle technique, est explicitée par l'analyse
en terme de rapport salarial sectoriel, qui fournit la base méthodologique
d'une approche globale de la cohérence productive d'un service public
de haute technologie, relevant d'une politique d'offre monopolistique.
De la complémentarité à la concurrence,
des contours encore flous pour le nouveau rapport salarial sectoriel
La période post-rattrapage, depuis les années
1980, est marquée par la dualisation du secteur, induite par la
multiplication des produits et l'apparition d'offreurs concurrents. L'introduction
de la concurrence sur le marché des services de télécommunication
revêt un caractère particulier : il ne s'agit pas d'une simple
augmentation du nombre d'acteurs dans un cadre organisationnel inchangé,
mais bien d'une modification globale de la structure d'offre, qui repose
sur une dualisation de l'offre de services entre le centre, France Télécom
qui fournit aussi l'infrastructure technique, et la périphérie,
constituée de multiples offreurs de services indépendants,
dans le cadre d'une complémentarité concurrentielle des savoir-faire
de chacun des acteurs.
Marché interne, marché externe valorisé
: des modes d'organisation contrastés
La dualisation du secteur oppose deux pôles principaux,
dont les formes d'organisation apparaissent comme des modes d'efficacité
complémentaires :
- d'un côté l'acteur central, fournissant notamment
le service de base, le téléphone, et l'infrastructure technique
de la plupart des autres réseaux de télécommunications,
est caractérisé par ses compétences en matière
de gestion de réseau et en matière de projets d'innovation
technique de long terme. Le centre dispose donc de savoir-faire de régulation
du réseau technique, basés sur le caractère administré
des procédures de gestion dans le cadre d'un marché interne
qui reste dominé par la culture technique, et de savoir-faire d'innovation
de long terme. En terme d'organisation, on parle de "bureaucratie mécaniste"19
;
- de l'autre côté une multitude de petits acteurs
sont caractérisés par leur adaptabilité à la
demande, et leur faculté d'innovation en matière d'offre
de nouveaux services. La haute qualification des emplois des entreprises
de la périphérie, mais aussi le haut niveau des salaires
proposés, l'importance de la flexibilité externe (souplesse
pour l'embauche et le licenciement), et l'organisation décentralisée
du travail reposant sur des groupes "d'experts" ad hoc, sont les
points clés des possibilités d'innovation et d'adaptation
du secteur. On parle d'adhocratie20 pour
caractériser ce marché externe valorisé.
Les deux pôles de l'offre (l'ancien monopole, d'un côté,
les nouveaux offreurs de services de l'autre) aux traits contrastés,
trouvent donc leur unité dans la complémentarité de
leurs compétences, de leurs savoir-faire, et des formes organisationnelles
qui les soutiennent.
Les caractéristiques du centre et
de la périphérie :
de l'opposition à la complémentarité
Cette nouvelle structure organisationnelle de l'offre de services
de télécommunication impose une redéfinition du rapport
salarial sectoriel. La première période étudiée,
celle du rattrapage téléphonique, avait abouti à la
caractérisation d'un rapport salarial administré. La seconde,
celle du post-rattrapage, aboutit à la caractérisation d'un
rapport salarial de complémentarité, justifié par
le cloisonnement des compétences en matière de réseau
et de services, mais déjà remis en cause par les possibilités
d'acquisition des savoir-faire nécessaires. La question qui se pose
alors, au-delà du contexte du marché des services de télécommunications,
est celle de l'évolution suivie par France Télécom,
dont l'identité et la mission sont très profondément
déstabilisées.
Réformes de France Télécom et maîtrise
des contraintes
Le but affiché de la réforme de 199021
est de permettre à France Télécom d'aborder une logique
d'entreprise en ce qui concerne la gestion financière et les rapports
à la concurrence. Dans le même temps, la réforme maintient
la tutelle publique, et le personnel reste attaché au statut de
la fonction publique. Parallèlement, les nouvelles règles
de gestion du personnel et la réforme des classifications (Loi du
9 juillet 1990) transforment en profondeur les règles administratives
du statut de la fonction publique. En terme de rapport salarial sectoriel,
la question est celle de l'impact de ces réformes sur les pratiques
de travail et la relation d'emploi, dans ce cadre rénové
de la fonction publique.
L'organisation du travail n'est pas directement affectée
par les réformes, dans le sens où elle n'est pas en cause
dans les textes. Il apparaît cependant une tendance à une
réduction de l'autonomie par une rationalisation du cadre administré
des règles de travail. A l'opposé, la réforme de l'organisation
interne tend à réduire la ligne hiérarchique. Plus
généralement, la tradition d'autonomie dans le travail, qui
caractérisait la période faste du rattrapage, se voit remise
en cause dans un contexte de transformations majeures de l'organisation
et de sa place sur le marché des télécommunications,
et donc de révolution culturelle profonde et non achevée.
Il apparaît que certains services commerciaux sont à l'origine
d'innovations dans les pratiques de travail, prenant ainsi le relais des
techniciens. Le développement d'un savoir-faire commercial de plus
en plus étendu contribue à déstabiliser l'organisation
et les règles internes22. Les sentiments
d'inquiétude et de morosité du personnel semblent caractéristiques
de cette période de rupture, et peuvent remettre en cause la mobilisation
et l'investissement individuel.
La mobilité interne et la gestion des qualifications
sont, par contre, directement affectées par les réformes,
qui apparaissent comme une rupture profonde avec la gestion administrative.
Le passage d'une logique de grades à une logique de fonctions exercées
permet la prise en compte de l'expérience et des savoir-faire réellement
acquis. La mobilité interne ne repose donc plus sur des principes
administratifs, mais en théorie au moins, sur la qualité
effective du travail, définie avec la hiérarchie lors "d'entretiens
de progrès" annuels. Ce point est fondamental dans la révolution
culturelle en cours et, même si le principe est globalement approuvé,
conforte l'inquiétude du personnel.
Les règles administratives de formation des salaires
ne sont affectées qu'indirectement par les réformes, avec
la transformation des principes d'évolution de carrière au
sein de France Télécom. Un indice reste affecté à
chaque fonction (et non plus à chaque grade).
La mutation post-rattrapage marque donc la remise en cause
du marché interne techniciste et du rapport salarial administré,
même si les pratiques administratives restent, sur certains points,
importantes. Les questions primordiales ont désormais trait aux
missions accordées à France Télécom, notamment
en ce qui concerne les missions de service public, et à la stratégie
de l'acteur pour se positionner sur les différents marchés
et aborder les différents défis. En d'autres termes, existe-t-il
encore un espace pour la convention de croissance (autoroutes de l'information,
multimédia, fibre optique), et donc un pouvoir (capture de la réglementation,
subventions croisées...) du centre sur le secteur. L'enjeu interne
est celui de la recomposition culturelle et de la valorisation des compétences
existantes, dans le cadre de la mutation du marché des télécommunications.
Le changement de la nature des produits, et l'ouverture réglementaire
du marché transforment radicalement les métiers et l'organisation
qui les met en oeuvre. France Télécom, exploitant encore
dominant aujourd'hui, doit révolutionner sa stratégie industrielle
pour proposer un projet, résistant à ces nouvelles contraintes,
alliant le financement du service public et la réalisation de services
dédiés.
Pistes d'analyse pour l'avenir
A travers les deux périodes étudiées,
on a pu mettre en évidence la trajectoire de la régulation
sectorielle des télécommunications, résumée
dans le tableau ci-dessous. Les transformations en cours n'ont pas encore
débouché sur des éléments stabilisés,
mais notre grille d'analyse permet de détecter des pistes pour l'avenir.
(*) Sachant que les choix politiques sont encore ouverts (Cf.
Thomas Lamarche, "Quelle trajectoire pour les réseaux de télécommunications
en France ? Trois politiques pour trois scénarios", Terminal,
n° 66, 1994.)
L'unité du secteur repose encore aujourd'hui sur la
complémentarité des deux pôles de l'offre : le centre
fournit les services de base et la gestion technique des réseaux,
alors que la périphérie propose les services plus différenciés,
adaptés aux demandes spécifiques nouvelles. Cette complémentarité
est de plus en plus conflictuelle, car les domaines respectifs des deux
pôles ne sont pas imperméables, et évoluent en fonction
des possibilités d'acquisition et de valorisation des savoir-faire
nécessaires.
La complexité des savoir-faire (non seulement techniques
mais aussi en matière d'organisation et d'innovation de produit),
et l'ampleur des investissements nécessaires induisent des processus
de coopération déjà clairement identifiés23.
La complémentarité que l'on a constatée sur la période
post-rattrapage se faisait selon un modèle de répartition
des tâches qui limitait la conflictualité des opérateurs,
car France Télécom restait le seul opérateur fournissant
l'infrastructure. L'ouverture à la concurrence de pratiquement tous
les marchés de télécommunications (y compris l'infrastructure)
détruit le modèle de complémentarité. Des opérateurs
investissent en force de domaines tels que les radio-mobiles, les réseaux
câblés... et se rapprochent des opérateurs traditionnels
de télécommunications en terme de compétences disponibles
notamment. Une pluralité de réseaux tend donc à se
développer. Pour supporter les coûts liés à
la constitution de réseaux techniques concurrents, la coopération
interfirme est une stratégie qui se généralise. Elle
est moins liée à une question de disponibilité des
savoir-faire, qu'à une question de taille et de capacité
de financement.
Sous la contrainte des directives européennes, elles-mêmes
subissant une puissante pression en faveur de la concurrence, la complémentarité
éclate pour se transformer en une confrontation entre opérateurs
de réseaux, ou entre groupement, parfois transitoires, d'opérateurs
concurrents.
Notes
-
Voir dans ce sens les travaux de Christian du Tertre,
Technologie, flexibilité, emploi. Une approche sectorielle
du post-taylorisme, Logiques Economiques, L'Harmattan, 1989. Voir aussi,
du même auteur, les chapitres 31 et 32 de l'ouvrage dirigé
par Boyer et Saillard
-
Les analyses de la première partie de l'article
résultent de Thomas Lamarche, Réseau universel et réseaux
spécifiques, fondements et métamorphose des stratégies
d'offre de télécommunication, Thèse de Doctorat
de sciences économiques, Université Paris 7, 1993.
-
Cela signifie que les coûts moyens étant
décroissants, la concurrence est alors impraticable. Voir les travaux
fondateurs de William W. Sharkey, The theory of natural monopoly,
Press Syndicate of the University of Cambridge, 1982 ; l'essentiel de l'économie
des télécommunications est analysé dans Nicolas Curien,
Michel Gensollen, Economie des télécommunications,
ENSPTT, Economica, 1992.
-
Voir les terminologies recensées par Robert
Boyer, Les problématiques de la régulation face aux spécificités
sectorielles, Cahiers d'économie et sociologie rurales, n°
17, 1990.
-
Voir l'historique de Louis-Joseph Libois, Genèse
et croissance des télécommunications, collection CNET-ENST,
Masson, 1983.
-
Voir Eli M. Noam, A theory for the instability of
public telecommunications system, in Cristiano Antonelli (Ed), The
economics of information networks, North-Holland, 1992.
-
Voir la caractérisation de "colbertisme high
tech" proposée par Elie Cohen, Le colbertisme "high tech".
Economie des Telecom et du grand projet, Hachette, 1992.
-
Le mouvement de mondialisation est un élément
que l'on retrouve largement, en dehors des télécommunications,
comme dominante des changements en cours, voir François Chesnais,
La mondialisation du capital, Syros, 1994.
-
Voir par exemple le livre de Jacques Darmon, Le grand
dérangement, JC Lattès, 1985, et les projets de déréglementation
de Gérard Longuet, Ministre des PTT de 1986 à 1988.
-
Cependant la taille des opérateurs européens
est inférieure à celle des opérateurs américains
: 10 des 15 plus gros exploitants mondiaux sont américains.
-
Réglementation Open Network Architecture (Etats-Unis)
et Open Network Provision (Europe).
-
Politique qui réapparaît cependant dans
la rapport de Gérard Théry au Premier Ministre (Les autoroutes
de l'information, La documentation française, 1994).
-
Voir les travaux de Robert Salais et Michael Storper
qui lient les formes de la production aux caractéristiques des produits
considérés selon la double perspective de la demande et de
l'offre (Les mondes de production, Editions de l'EHESS, 1993).
-
Les cinq configurations institutionnelles du rapport
salarial, définies par Robert Boyer (La flexibilité du
travail en Europe, La Découverte, 1986) sont les suivantes :
organisation du travail, stratification des qualifications, mobilité
du travail, formation des salaires et style de vie et de consommation.
Nous n'analysons pas le dernier point, inadapté à une analyse
sectorielle.
-
L'analyse du rapport salarial des télécommunications
et sa conceptualisation sont issues des travaux de Catherine Bodet, Emploi
et organisation des télécommunications : transformation du
rapport salarial sectoriel, Doctorat de Sciences Economiques, Université
Paris 7, 1995.
-
Voir les travaux de la sociologie des organisations
: Claude Giraud, Bureaucratie et changement, le cas de l'administration
des télécommunications, Logiques sociales, L'Harmattan, 1987.
-
Voir la définition du marché interne
du travail donnée par Piore et Doeringer, Internal labor market
and manpower analysis, Heath, Lexington, 1971.
-
L'analyse économique des conventions du travail
permet de mettre en évidence l'existence de règles, acceptées
par tous les acteurs, et qui tirent leur efficacité de leur stabilité.
Selon Robert Salais, (L'analyse économique des conventions du
travail, Revue économique, vol. 40, n° 2, mars 1989), convention
de productivité et convention de chômage sont les deux types
de convention permettant de décrire la mise au travail.
-
Selon la terminologie issue des travaux de Henry Mintzberg
(Structure in fives : designing effective organizations, Prentice
Hall, 1983), que l'on trouve présentés par Claude Ménard,
dans L'économie des organisations, Repères, La Découverte,
1990.
-
Idem.
-
La loi du 2 juillet 1990, applicable au 1er janvier
1991, modifie le statut de France Télécom qui devient exploitant
de droit public, doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière.
-
Cf. Norbert Alter, "Service public et action commerciale
: le dilemme organisationnel des télécommunications", Sociologie
du travail, n° 3, 1989.
-
Voir par exemple Catherine Bodet, Denis Joram, Thomas
Lamarche, "Savoir-faire et structure de marché des services de télécommunication
: partenariat, domination et concurrence", Note technique CNET, avril 1990.